À travers, c’est ainsi que je traduirai du Coréen Moon-Pil Shim à l’artiste qu’il est devenu l’avancée vers notre œil des travaux qu’il propose.
Si ses travaux se détachent souvent des murs, ils progressent, sorte d’incessant retour, à l’intérieur d’eux même. Leur sens, à l’instar des mystérieuses lignes qu’il traçait dans ses travaux anciens et qu’il s’appliquait à nous rendre compréhensible, nous laisse entendre un battement de cœur. La vie de ces peintures, comment les appeler autrement, est ainsi insufflée et rendue perceptible par ce flux entre l’ancien et le nouveau, par ce passage de secondes et de minutes qui constitue l’existence.
C’est pourquoi il m’est interdit d’utiliser le mot épaisseur et que celui de profondeur ne suffit pas. À travers constitue un passage à la fois dans le temps et dans le perçu, une unité supplémentaire au tableau pour qui à l’intérieur ne définit pas exactement l’entière réalité. Ce que nous voyons n’est pas toujours ce que nous sentons et Moon-Pil Shim s’emploie pourtant à nous le rendre perceptible et visible.
L’étrange beauté de l’objet de notre regard reluit seule de son union avec l’effacement du travail, comme une invisible signature soignée jusque dans sa propre façon de disparaître. Georges Braque disait : la peinture apparaît quand elle a effacé l’idée. Chez notre artiste, le sentiment tient lieu d’idée et comme ce sentiment nous appartient aussi nous faisons vibrer chez nous la peinture à la façon de l’artiste. Nous faisons notre certitude à partir de cet essentiel à travers dans la réalité et dans le temps.
Bernard Plasse
mai 2016